Algérie: un ministre "étonné" qu'on lui attribue des propos antisémites sur Sarkozy
Le ministre algérien des Moudjahidine Mohamed-Cherif Abbas s'est déclaré "étonné et mécontent" mercredi des réactions suscitées par ses propos au quotidien Al Khabar où il évoque le soutien du "lobby juif" au président français Nicolas Sarkozy et ses "origines".
Dans cet entretien publié lundi, M. Abbas attribue à l'influence d'un "lobby juif" l'accession au pouvoir en mai du président français, attendu le 3 décembre pour une visite d'Etat en Algérie.
"Je ne crois pas que les relations entre l'Algérie et la France soient fondées sur le principe d'égalité (...) Vous connaissez les origines du président de la France et vous savez quelles sont les parties qui l'ont amené au pouvoir.
Ne savez-vous pas que les autorités israéliennes ont émis un timbre à son effigie en pleine campagne électorale présidentielle française ?", déclare le ministre au journal.
"Le ralliement de personnalités de la gauche française au gouvernement de droite de Sarkozy a une profonde signification. Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner n'a pas sauté le pas en raison de convictions personnelles, mais en raison d'une manoeuvre reflétant les convictions des véritables architectes de l'ascension de Sarkozy au pouvoir, je veux dire le lobby juif qui domine les décideurs en France", poursuit-il.
Dans une déclaration à l'agence de presse algérienne APS, M. Abbas affirme mercredi "avoir appris avec beaucoup d'étonnement et de mécontentement certains propos" qui lui ont été attribués, sans démentir formellement les déclarations publiées par Al Khabar.
Il ajoute qu'il "ne peut assumer les spéculations irresponsables d'un quelconque journal sur un chef d'Etat ami, plus spécialement à la veille de sa visite en Algérie".
"Dans cet entretien il n'a jamais été dans mon intention d'enfreindre le principe que respectent tous les responsables algériens et que m'impose mon obligation de réserve, celui de ne jamais porter atteinte à l'image d'un chef d'Etat étranger", a souligné le ministre des Moudjahidine (anciens combattants), lui-même vétéran de la guerre d'indépendance algérienne (1954-62).
Dans ses déclarations au journal, M. Abbas estime que la première visite du président français en Algérie depuis son élection en mai s'inscrit dans "le cadre de la courtoisie existant entre Etats, comme une tentative de perpétuer l'image actuelle des relations entre la France en attendant des circonstances à venir".
Lors de cette interview, le ministre revient également sur la période de la colonisation (1830 - 1962).
"Tant que la France ne reconnaîtra pas les crimes commis en Algérie, nous ne pouvons envisager ni réconciliation ni normalisation totale avec elle. Nos rapports avec la France se limiteraient dans ce cas au niveau commercial et il serait impossible de parler d'un traité d'amitié et de paix", a-t-il dit.