Les militants du Front national devraient reconduire ce week-end Jean-Marie Le Pen à leur tête pour trois ans lors de leur congrès à Bordeaux, mais la succession est bel et bien ouverte et Marine Le Pen ne cache plus désormais ses ambitions.
Les militants frontistes ont rendez-vous samedi et dimanche à Bordeaux pour le congrès d'un parti considérablement affaibli depuis ses revers électoraux: le FN n'a recueilli que 4,6% des voix aux législatives de juin dernier, alors que son candidat Jean-Marie Le Pen en obtenait 10,44% au premier tour de la présidentielle, loin de ses 16,86% de 2002.
Outre les critiques qui visent la façon dont la direction frontiste a mené la campagne -jugée trop timorée à l'égard de Nicolas Sarkozy par certains-, le parti d'extrême droite affronte une grave crise financière, avec quelque "neuf millions d'euros de dette", selon sa vice-présidente Marine Le Pen. Le FN a donc fait appel aux dons de ses sympathisants, ce qui "nous a amené plusieurs centaines de milliers d'euros", affirme vendredi Jean-Marie Le Pen dans "La Croix". Mais "c'est loin d'être suffisant", constate-t-il.
Dès lors, le président du Front national "explore toutes les solutions possibles" depuis "l'emprunt" jusqu'à "la mise en location d'une partie du siège de Saint-Cloud". La vente du "paquebot" n'interviendrait toutefois "qu'en dernier recours", a-t-il prévenu.
C'est dans ce contexte que Jean-Marie Le Pen devrait être reconduit pour trois ans à la tête du parti. Pour la première fois, le président sera élu directement par les adhérents, invités à voter par correspondance, et non plus via la désignation de délégués départementaux. Les adhérents sont "un peu plus de 20.000", a précisé M. Le Pen.
Ce congrès de transition sera aussi l'occasion de lancer "un certain nombre de signaux, de changements, de signaux de modifications du fonctionnement du Front national", a affirmé jeudi Marine Le Pen sur i>télé.
"Pour l'instant, il y a des difficultés à surpasser" et "je suis le mieux à même de redresser la barre", a assuré Jean-Marie le Pen pour justifier sa reconduction à la tête du FN. Mais il évoque désormais ouvertement sa succession pour le congrès de 2010 et la présidentielle de 2012, avec un net penchant pour sa fille Marine plutôt que pour Bruno Gollnisch -qui n'est pas officiellement candidat- ou Carl Lang. Jean-Marie Le Pen dirige le FN depuis sa création en 1972.
"Je ne fais pas de favoritisme pour ma fille Marine, mais il n'y a pas de raison que je lui manifeste de l'hostilité", estime-t-il. "Je considère qu'elle a démontré, depuis quelques années, qu'elle a des qualités indéniables".
"J'ai envie de faire, j'ai la volonté de faire, je crois avoir la méthode", assure de son côté Marine Le Pen. La vice-présidente du FN avait été la seule à tirer son épingle du jeu lors de la déroute électorale de 2007 en se qualifiant pour le second tour des législatives dans la 14e circonscription du Pas-de-Calais. Elle a finalement été battue au second tour, mais avec 41,06% des suffrages exprimés par le socialiste Albert Facon (58,94%).
Selon un sondage Ifop publié cette semaine dans "Valeurs actuelles", plus de huit sympathisants FN sur dix (81%) souhaitent que Marine Le Pen succède à son père à la tête du Front national. L'ex-secrétaire général du FN Carl Lang, officiellement candidat, n'obtient que 14%. AP
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Ven 16 Nov 2007, 21:26
